Les Communes (1168-1384)

La charte de 1246

Marguerite de Constantinople, comtesse de Flandres et de Hainaut, envoya en 1246 une charte aux onze villes dont Montignies était le chef-lieu, pour les usages de la forêt de Broqueroie. 

Nous reproduisons cette charte telle quelle :

Charte version - ORIGINALE (version Français moderne plus bas)

Novembre 1246.

« Jou Margherite, contesse de Flandres et de Haynnau, fach savoir à tous chiaulx qui sont, qui ces lettres verront et orront, que comme il fust chose avcnans que contons fust meus entre l'abbé et l'église de Hasnon, d'une part, et les gens des villes qui après sont là dénommez, se loist assavoir : de Masnuy, de Jurbise, de le paroice Nostre-Dame, de le paroicc Sainct-Pierre, de le paroice Saint-Jehan, de le paroice d'Erbault, de le paroice d'Erbissœl, de le paroice de Castiel, de le paroicc de Lens, de le paroice de Hercie, de le Saisine, de le paroice de Nimy et de Maizières et de le paroice de Montegny, d'autre part, d'endroit des usaiges que le gens des paroices devantdittes demandoient et clamoient ens ès bois de Brocqucroye, qui sont l'abbé et l'église devant dicte; à le fin, par conseilles de preud'hommes, se loist assavoir : par le signeur du Ruelz, par le signeur de Lens, par Gerard de Haynnau et par Gillion Le Brun,chevallier, et par pluiseurs de mes aultres preud'hommes, et par l'assens des ij parties, l'abbet et le couvent devantdite, d'une part, et les gens des paroices devantaommées, d'autre, fu atournée en telle manière que : ly chevalz et ly poutrain et les pourchial des paroiehcs devantdictes doivent aller en ces bois, après le tierch giet, quant il sera pargiectez, enssy comme à le Toussain après; et les vacqucs et les viaulx y doivent aller après le syxemcns giet, se loist assavoir à le Toussaint, comme il est devant dict, et se ne doibt aller en ces bois devantdis nulles des biestes devantdittes, se cil des villes devant nommez ne les ont yvrenez u se ce ne sont leur propre, ne quièvres, ne quanmoix, ne brebis, ne moutons, ne aignielx, ne aultres bestes que ceste devantditte n'ont droit en ce bois à nulz tamps, et chascune paroice devantditte doit payer ung denier de cens à l'église de Hasnon, le jour St.-Jchan-Baptiste; et si le doivent apporter à Montegny, et rendre au mayetir de par l'église, devant esquievins de Montegny. Et si ne le faisoient, chacune paroice deffaillante est à deux solz d'amende de à l'église de Hasnon, et parmy cest cens, doivent-il avoir le pasturaige sicomme il est dit rectaullement et parmy ceste devise descure ditte fait, ly abbet de Hasnon ne poelt colper sen bois à mains de dix ans, se ce n'est pour s'en aydier et faire engien. Et pour chou que ce soit ferme chose, estauble à tousjours, jou ay fait pendre mon seel et ly chevalier devant dit le leur. Ce fut fait l'an de l'incarnation mil ijc quarante-six, ès mois de novembre. »

Vidiraus sous le sceau éckevinal de Hasnon. - N° 12,305 des dossiers des procès jugés du conseil souverain de Hainaut, t. H, fol. 106 v°, à la section jud. des arch. de l'Elat, à Mons.

Charte version - Français Moderne

Novembre 1246.

« Nous, Marguerite, comtesse des Flandres et de Hainaut, faisons savoir à tous ceux qui verront et liront cette charte, que, ainsi qu'il fut convenu, approuvé et entendu, d'une part entre l'abbé et l'abbaye d'Hanson, d'autre part les gens des villes ci-après dénommées, à savoir : Masnuy, Jurbise, Notre-dame, Erbisûeul, Castiel, Lens, Hercie, Saisine, Nimy, Maisières et Montigny au sujet des usages (jouissances) de pâture dans les bois de Broqueroy appartenant aux dits abbé et église, usages que demandaient et réclamaient les gens des dites paroisses. Il résulte du conseil de prudhomme (composé du seigneur de Ruelz, Gillion, Sète de Lens,Hérard du Hainaut, Gillion le brun che­valier, et plusieurs autres) la décision suivante approuvée par les deux parties :

Les chevaux, poulins et pourceaux des dites paroisses ont droit de pâturage en ces bois après la toussaint et après partage (entre paroisses) et ce après le troisième "giet" (doit signifier une unité de temps), les vaches et les veaux ont droit de pâture comme il est déjà dit à la toussaint après le septième "giet"s aucune de ces bêtes n'ont droit de pature, si ce n'est celles que les dites villes envoyant et qui sont leur propre bien, en aucun moment, aucune bête autre que celles déjà nommées, ni chèvres, ni aumailles, ni brebis, moutons ou agneaux ont droit de pâture en ces bois chaque paroisse devra payer un cens (une redevance) d'un denier à l'église de Hasnon par devant le mayeur et les échevins de Montignies, à la saint Jean-Baptiste (origine de la 1ère kermesse), faute de quoi la paroisse en défaut paiera deux sous d'amende, au prix de ces cens, les paroisses ont droit de pâturage de plein droit, comme il est dit ici» si les obligations de cette charte sont remplies, l'abbé de Hasnon ne peut faire de coupes en son bois que tous les dix ans, et ce pour son usage personnel ou ses outils, afin que cette convention soit chose ferme et stable, nous, marguerite ... y avons fait pendre notre sceau et les chevaliers du conseil de prudhomme également, ce fut fait l'an de l'incarnation 1246, au mois de novembre. »

Le pouvoir communal.

Les seigneurs de la région de Lens occupaient les plus hautes fonctions dans les cours de bourgogne, d'Espagne et d'Autriche, dans les prairies du Hainaut, dans l'armée, etc ...

Leurs fonctions les appelant ailleurs, le pouvoir communal, plus exactement échevinal, s'introduisit très tôt dans la région, a Montignies, ce pouvoir s'exerça donc déjà en 1246 au nom de l'abbaye d'Hasnon qui possédait ce fief a en effet, comme il est dit dans la charte ci-dessus, c'est par devant le mayeur et les échevins de Montignies, chef-lieu des 11 villes que doivent se payer les fermages, il y avait donc des bourgeois libres en dehors des manants et des serfs. Diverses pièces communales prouvent que le tribunal des échevins avait la basse justice sur les terres, cette juridiction passait des actes de formature et parchon, mise hors de pain, orphelins et tuteurs, inventaires et scellés.

Agriculture,

Les abbayes de Cambron, St, Ghislain, St Denis étaient les principaux propriétaires terriens.

Ils s'occupaient de défrichements et de culture; mais ne pouvant suffire: à cette tâche ils louèrent les granges, cours et courtils, coutures aux habitants. Jacques de Montignies fut élu abbé de Cambron en novembre 1293, c'était le fils de jacques Plusquet, censier à Montignies.

Il avait exercé avec beaucoup d'habilité la charge de receveur des fermages, il fut très charitable et excellent religieux, par une bonne gestion du temporal... il augmenta considérablement les revenus de l'abbaye, au milieu des circonstances critiques de l'époque, lorsque l'abbaye était entourée des troupes françaises et flamandes (guerre des ronds) (C. Monnier),

L'abbé jacques conserva intacts les biens de la communauté il mourut un an après avoir abandonné la prélature, son corps repose au midi du chapitre, entre ceux de son père er sa mère.

Voici son épitaphe :

« Ci git Jacquemus de Montignies, qui trépassa en l'an de grâce 1315, le jour de sainte julienne et fus jadis abbé de Cambron. Ses armes étaient celles de Cambron ! La crosse de gauche à droite. »