Période Féodale (855 à 1168)

Le pagus Hainoensis, d'après les recherches de Mm. Duviviers et C.Piot, avait pour limite nord une ligne partant du sud des localités suivantes : Hautrage, Villerot, Sirault, Masnuy St.Jean, Casteau, Soignies; la forêt charbonnière était donc sa limite naturelle.

Le pays de Lens faisait partie du pagus Braybantinsis. Le plus ancien monument historique où ce nom se trouve consigné est une charte de Pepin le bref, donnée en 750 (ou 754) en faveur de l'abbaye de St Denis en France. un autre du 25 juin 775 place Cambron dans ce pagus sur la rivière de l'Asbra (la Dendre). En 86l, sous Charles le chauve, les biens de Cambron donnés par Pépin le bref sont cédés à Witramme, sauf les serfs qui restent la propriété de St Denis. (C. Monnier , Dewez T II 119).

Le nom de Dendre semble appartenir a la rivière qui va d'Ath à Termonde (Tenremonde). Les percheries de la rivière "tenre", à Acren, appartenaient à la famille de Croy - Havre - Bernier.

La branche orientale de cette rivière se nommait rivière d'aube (arbre) fluvium asbra (534), fluviolum albam, harbam fluvium, albe, ambe ou arbre, (J. Quellart). Les villageois riverains désignaient aussi l'arbre sous le nom de blanche ou blanchette à cause de la transparence de ses eaux, attribuant ainsi une signification' au nom d'Alba, que Jacques De guise et la Watte donnent à ce cours d'eau. (C. Monnier).

Seigneuries et châteaux forts,

La période qui suivit la mort de Charlemagne fut extrêmement troublée par les guerres, les discordes civiles et les invasions, les hommes libres ne trouvaient plus auprès de ces rois faibles et dissolus la protection dont ils avaient besoin au milieu des dangers. Ils demandèrent celle des grands propriétaires fonciers et se recommandèrent à eux, ceux-ci accordèrent à leurs protégés des terres (bénéfices) dont ils gardaient la nue-propriété.

La terre recevait le nom de fief (terre de fidélité). Les rois accordèrent aussi des terres en guise de récompense, cherchant à se faire des partisans, de viagère, cette concession devint peu à peu héréditaire et aboutit à l'érection de petits états indépendants les uns des autres qui prirent le nom de duchés, comtés, principautés, châtellenies, seigneuries. Le pays de Lens foisonne de ces petits fiefs, Nous citons :

  • le Castiel - Cambron casteau,
  • la seigneurie de Lombise,
  • le château fort d'Herchies,
  • le castel de la motte à Neufmaison. Il était un fief de la seigneurie de Chièvres en 1473. La seigneurie de Chièvres avait aussi un fief : le cracol à Lens et des arrières fiefs à Montignies-lez-lens, à Jurbise et à Bajenrieux (Neufvilles)
  • Castellum (Casteau) 847 (Charles le Chauve),
  • Baudour fut l'une des douze pairies du Hainaut,
  • Les seigneurs d'Herbaut avaient' un château dont la seigneurie passa aux trinitaires de Lens,
  • Lens faisait partie de l'ancien Brabant. C'était le siège d'une des douze pairies du Hainaut. Cette seigneurie appartenait aux familles de Lens, de Gavre, de Ligne, de Berlaymont, d'Egmont Pignatelli,....... ,
  • Masnuv St.Jean, seigneurie de Raduez, sire de Masnuy, tué a la bataille de Stavoren,
  • Neufvilles, seigneurie de Bajenrieux, d'Hasnon, de Fellignies, de Godimont,
  • Thoricourt; Seigneurie de Launoys; avec comme seigneurs les Auxy,
  • Brugelette, avec la seigneurie de Jauche-mastoing,
  • Gages, avec comme seigneur Hugues de Gages, chevalier signataire de la charte du Hainaut en 1200.

Et enfin :

  • Montigni

Au moyen âge, Montigni, chef-lieu des onze villes, possédait un château féodal qui a laissé des substructures de tours, souterrains, fossé d'enceinte et auquel succéda un castel qui devait être fort grand, si l'on en juge par les vestiges qui en restent, ce n'est plus aujourd'hui qu'une ferme baignée par la marquette, successeur d'un torrent impétueux, presqu'un fleuve qui coulait là aux temps préhistoriques. (Comte d'Auxy de Launois) on y voit encore les trace d'érosion des eaux sur les eaux des soubassements du mur d'enceinte.
Guillaume de Montigni Chevallier vécut de 1196 à1242.

Baudouin de Montigni, dit de Hainaut, est cité dans de vieilles archives, faisant don après 1265 du Pomeroie. Le 6 février 1481, le duc de Bourgogne convoqua en assemblée à Bruges, les seigneurs de Thiennes de Lombise, d'Hembise, de Louvignies et de Montignies.

Le dernier comte de Montignies (Floris de montmorency) est mort en Espagne en 1570, sous Philippe II.

Pierre de Montmorency, descendant du grand chambellan de France, devint par la mort de Montigni, chef du nom et des armes de son illustre maison, (tablettes nobiliaires, t. IV. Pfl 22).
Par après, le château devint résidence des moines. Lesquels ? Sans doute, les moines de l'abbaye de Cambron Casteau qui acquirent cette propriété et la relièrent à Cambron par un souterrain dont on peut voir les vestiges dans la maison habitée actuellement par Joséphine Permanne, maison qui était d'ailleurs alors la brasserie des moines : la maison de ferme actuelle était l'a chapelle qui, après le départ des religieux, fut convertie en habitation à trois étages supprimés au cours des âges. La cuisine était autrefois la salle de jeux; les fenêtres sont à guillotines, le poulailler était la maison des fermiers, dans la bergerie se trouve un sommier portant la date de 1737, à l'entrée de la cour se trouvait le pont-levis.
Lors des travaux effectués pour le placement de la conduite d'eau en 1956, les ouvriers ont dû percer une arche au font, a l'ouest de la ferme se dressait une tour. Derrière les bâtiments, une drève subsiste par ou les moines se rendaient à la chapelle N.D.de Tongres, près de la fontaine.
Par après, cette chapelle fut démolie et avec les pierres, on fit les seuils des étables, la maladie et la mortalité atteignirent le bétail, le propriétaire actuel a fait rebâtir la chapelle en 1354 et le fléau a disparu ... que faut-il en penser ???
Les derniers ' propriétaires" que nous connaissons sont, en 1869 :

  • Mr de Bousies de Quenast (Aan.Arch. de mons. T.9 P155)
  • Dame Pauline de la barre d' Erquelinnes, épouse du baron Léon de Lamberts Cortenbach
  • La baronne Madeleine de Lamberts Cortenbach, épouse henri De Quebedo
  • Les grands-parents et parents de Joséphine Authom,
  • Pierre Dauchot,
  • Jules François
  • Joseph Steenhaut.

Note : il existe au cimetière de la localité une grande dalle garnie d'écussons. Les silhouettes des armes ont grande allure, mais l'usure empêche de reconstituer le passé de doit appartenir à la famille.

Les monastères,

L'abbaye de Saint Denis,

La chronique de ce monastère fixe l'époque de l'invasion des Northmans en l'an 881. La tradition rapporte que c'est à Barbefosse (Havre) qu'une partie des Northmans aurait été taillée en pièces par le châtelain de Mons, fils d'Eppon, comte d'Ostrenaut,

Le monastère et la ville de Soignies fondés par Maldegairet (St. Vincent) furent détruits par les Northmans à la même époque, ils furent relevés de leurs ruines et fortifiés en 965 - 1150.

Tournai, à cette époque, 881, fut mise à feu et à sang par les Northmans et resta déserte l'espace de 30 ans, le célèbre monastère de St Martin avait subi la même mort,

St Ghislain avait également souffert et sa magnifique église construite par Charlemagne, entièrement brûlée.

Le territoire de St Denis en Broqueroie était connu au VIIIe siècle comme appartenant à l'abbaye de Lobbes en 1081, Richilde, comtesse de Hainaut et son fils Baudouin fondèrent pour le salut de leur âme la célèbre abbaye de St Denis de l'ordre des augustins, elle se trouvait enclavée dans la sylva major, ou le grand bois, c'est cette même abbaye qui fut connue plus tard sous le nom de St Denis en Broqueroy càd dans le défrichement du bois (broke) (après la mort de Richilde , son fils Baudouin confirma la donation faite à St Denis et lui céda le village avec ses dépendances à savoir : moulins, prés, bois, champs).

Gérard II, Evêque de cambrai, confirma cet acte en 1086, mais ce ne fut qu'en 1090 qu'il donna l'autel de ce village à l'abbaye de St Denis.

L'an 1081, la comtesse Richilde donna à l'abbé de St Denis en broqueroïe une cense a Montignies avec deux serfs et tout ce qui leur appartenait, ainsi que leurs fils, leurs filles, pour le service de l'abbaye, en 1081 aussi, la collation de la cure passe de l'abbaye de St Denis à l'abbaye d'Hasnon,

En 1086, la comtesse Richilde donna à l'abbaye d'Hasnon les villages de Lens et de Montignies avec leurs appartenances : moulins, bois, champs, prés, serfs et serves et leurs familles, l'avouerie (pouvoir judiciaire) sur les serfs et serves avait été donnée par l'abbé de St Denis au comte du Hainaut, en décembre 1646 St Denis réclama contre le curé de Montignies et le monastère d'Hasnon la haute justice et la grosse dîme sur 18 bonniers de terre situés dans cette commune.

L'abbaye de Cambron

L'abbaye de Cambron doit son origine a St Bernard qui ob­tint, en 1148, d'Anselme de Trazegnies, seigneur de Péronnes-lez-Binche, chanoine et trésorier du chapitre de Soignies un franc alleu considérable qu'il possédait à Cambron, St Bernard vint visiter les lieux et envoya des religieux sous la direction de Fastré de Gavialmez moine originaire de Lombise. Ils prirent possession du domaine le 1er août et s'établirent non loin de la fontaine dite de St Bernard qui existe encore, humble retraite a l'origine, Cambron devint insensiblement et au fur et a mesure de riches donations, une splendide abbaye, le monastère prit place parmi les puissances politiques; l'abbé porta la mitre et la cros­se et participa au conseil du Hainaut, la première église abbatiale date de 1240:, elle subit, au cours des siècles, de nombreuses transformations. c'était un mélange de style roman décadent, aux voûtes ogivales, il y avait trois nefs avec transept en forme de croix et trois autels les illustres donateurs y avaient leurs armoiries et même leur sépulture comme en témoigne le grand luxe des derniers mausolées subsistants, le clocher et son merveilleux carillons furent brûlés par la foudre le 5 août 1774, la toiture fut restaurée et on rebâtit une nouvelle tour, renaissance romane, qui a survécu a la démolition , elle aussi fut frappée par la foudre en 1875,

Soit que ses richesses attirèrent les convoitises, soit que les longues guerres et les successives dominations lui furent néfastes (réquisitions. incendies, bombardements et pillages) Cambron connut bien des vicissitudes, la dernière fut sa suppression, ses biens dispersés, vendus, ses splendeurs livrées à la rage des démolisseurs. (D'après A. Dubois)

Note : Les fermes bourgeois et du marais à Montignies appartenaient a l'abbaye de Cambron. Le château fort fut aussi résidence monacale,

Le 12e abbé de Cambron fut jacques de Montignies en 1293. Il mourut en 1315.

Droit féodal,

Menus faits :

Baudouin de Montignies et de Hainaut avait donné à Guillaume de la Catoire, avec sa fille en mariage, tout l'alleu et toute la partie qu'il avait à Jurbise sous le nom de fief, tout l'alleu qu'il avait à Montignies-lez-Lens sous le nom de Pomeroie (verger de pommiers) et qu'il avait acheté a l'abbaye de Cambron en 1265.

Il y avait a Montignies-lez-Lens un fief simple tenu de la cour de fions, par quintin Ghislain consistant en 12 bonniers de bois, nommé le bois de Bléronsaert tenant au chemin allant de Montignies à Louvignies, aux héritages de l'abbaye de Cambron et aux pauvres de Montignies. (Archives de l'état à Mons).

Les prairies dites Harchies préaux à Montignies étaient communes aux manants depuis la St Remy (octobre) jusqu'a la mi-mai; jusqu'au 1er juin, le seigneur, prince de Ligne, les passait a son profit, de sorte que les fermiers n'en jouissaient que pendant quatre mois de l'année.

En 1471, Gossart de Montignies-lez-Lens, berger de l'abbaye de Cambron, étant malade, avait quitté sa maison et était allé mourir a Cambron St Vincent, l'abbé leva son manteau a titre de droit de mainmorte et de meilleur catel qui frappait les étran­gers. Le droit de meilleur catel par Jean II, dit d'Avesnes, comte de Hainaut, mais malgré cela, les anciennes coutumes subsistaient encore en 1790.

La chevalerie et les croisades.

La 4ème croisade sous Baudouin de Constantinople réunit un plus grand nombre de chevaliers de notre région. Parmi eux, nous remarquons Evrard de Montignies.

L'abbaye des trinitaires de Lens, aujourd'hui hôtel de ville, date de 1223. Elle fut fondée par Jeanne de Constantinople pour le rachat des chrétiens réduits en esclavage par les turcs. Elle était surtout destinée aux pèlerins qui se rendaient en Palestine et aux croisés retenus prisonniers,